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L'ÉCRIVAIN

Ivan Tourgueniev par Ilia Répine (1874)

"Toutes les pensées de Roudine semblaient tournées vers l'avenir ; cela leur donnait quelque chose d'impétueux et de jeune… Debout près de la fenêtre, sans regarder personne en particulier, il parlait, et inspiré par la sympathie et l'attention générales, par la proximité de jeunes femmes et par la beauté de la nuit, entraîné par le flot de ses propres sensations, il s'éleva jusqu'à l'éloquence, jusqu'à la poésie…Le seul son de sa voix, concentré et faible, augmentait l'enchantement, il semblait que quelque chose de supérieur, d'inattendu pour lui-même parlait par ses lèvres… Roudine parlait de ce qui donne un sens éternel à la vie éphémère de l'homme."

Ivan Tourguéniev, Roudine

Ivan Tourgueniev, européen et humaniste
Tourguéniev grandit dans la propriété de sa mère de Spasskoïé-Lutovinovo dans la province d’Orel, à 300 km au sud de Moscou, en étroite symbiose avec la nature très présente dans ses œuvres.

Il reçoit une excellente éducation, apprend le français, l’allemand, l’anglais, le grec et le latin. Il étudie les lettres et la philosophie à Moscou, Saint-Pétersbourg puis Berlin. Ses différents voyages et séjours en Allemagne, en Italie, en Angleterre et en France contribuent à en faire un auteur ouvert sur l’occident. Il parlait aussi l’italien et l’espagnol. Alphonse Daudet raconte qu’un dimanche chez Flaubert, il traduisit à haute voix directement  le texte allemand du Prométhée et du Satyros de Goethe.

Tourguéniev n’en reste pas moins profondément russe. Il est un grand admirateur de Nicolas Gogol, Alexandre Pouchkine et Lermontov. Il entretient des liens d’amitié avec Bakounine, Vissarion Biélinsky ou encore Alexandre Herzen. En revanche, ses relations avec Dostoïévski et Tolstoï, qui lui reprochent son occidentalisme, seront souvent tendues.

Traducteur, auteur de pièces de théâtre et de poèmes, Tourguéniev est surtout un romancier et un nouvelliste ; Ivan Tourguéniev dépeint la réalité telle qu'il la voit, avec simplicité, justesse et poésie.

Dans Pères et Fils, il s’intéresse aux relations entre les générations à l’heure de l’émergence du nihilisme. Se gardant de tout manichéisme, il explore avec finesse la complexité d’un affrontement qui oppose des individus pris entre leurs convictions idéologiques et la puissance de leurs sentiments. 

Dans les Mémoires d’un chasseur, recueil de nouvelles dans lequel la nature est largement présente, il dépeint les conditions de vie des paysans et les abus dont ils sont victimes, ce qui lui vaut un mois de prison et une assignation de deux ans à résidence dans sa maison natale.

Très tôt critique du servage encore pratiqué dans la Russie des tsars, Tourguéniev libère ses paysans peu avant l'abolition officielle proclamée par le Tsar Alexandre II en 1861

Affiche de la proclamation de l'abolition

Affiche de la proclamation de l'abolition 

La villa Viardot vue de la datcha

La villa Viardot vue de la datcha

À Saint-Pétersbourg en 1843, Tourguéniev devient l'ami de Louis Viardot. Il est subjugué par la cantatrice Pauline Viardot et s’attache à la famille jusqu’à la fin de sa vie. Il les suit successivement en France à Courtavenel dans l'Oise, à Baden-Baden, Londres et Paris, puis à Bougival. (Les voyages de Tourguéniev)

En France, Tourguéniev se lie d’amitié avec Georges Sand, Prosper Mérimée et surtout Gustave Flaubert. Il fréquente régulièrement Emile Zola, Alphonse Daudet, Edmond de Goncourt, Maupassant.

En 1874, avec le couple Viardot, il  achète la propriété des Frênes à Bougival avec la belle villa 19ème ; Tourguéniev y fait construire un chalet, il s'y installent à la belle saison. Il y décède huit ans plus tard, le 3 Septembre 1883 entouré de Pauline et des enfants Viardot. Lorsque son cercueil arrive en gare de Saint-Pétersbourg, alors même qu'il avait connu des périodes de rejet dans son pays pour ses opinions occidentalistes, malgré les instructions du Tsar qui avait interdit les attroupements, il est accueilli par une foule immense qui l’accompagne jusqu’au cimetière ; il est enterré, selon son désir, à côté de la tombe de son ami le critique russe Bielinski.

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